Doublettes et triplettes : ne pas succomber à la tentation

Marchands de biens, investisseurs chevronnés ou novices… Ils connaissent tous le procédé. Ils y ont pensé au moins une fois et même certains l’ont expérimenté. Ils en parlent d’ailleurs assez ouvertement, voire même sur Youtube. Tout en condamnant…
C’est quoi la stratégie de la doublette ou triplette en immobilier ?
Alors de quoi s’agit-il exactement ? De réaliser simultanément des emprunts dans différentes banques pour acheter 2, voire 3 biens. Evidemment, sans prévenir chacune des banques prêteuses que d’autres acquisitions immobilières sont en cours.
Dans quel intérêt ? L’objectif est d’éviter les refus bancaires en raison d’un taux d’endettement trop élevé. Et donc d’aller plus vite dans sa stratégie.
Techniquement, c’est possible.
La banque au peu de moyens de contrôler vos déclarations
Il n’existe pas en France de centralisé des engagements financiers (à moins d’être un mauvais payeur et d’être fiché à la banque de France).
Et puis les informations données à sa banque sont uniquement déclaratives. Elle n’a que difficilement la possibilité de vérifier vos dires, sauf si concilier sollicité est zélé (c’est rare) vous publiez beaucoup de choses sur les réseaux sociaux (c’est moins rare).
Il faut juste s’assurer que les banques interrogées ne vont pas garantir le prêt auprès du même organisme de cautionnement. Mais dans le cas d’une hypothèque, la question ne se pose même pas.
Par contre, il faudra tenir le mensonge dans le temps, et ce sera très compliqué puisqu’il faudra cacher les prêts non déclarés initialement. Pas simple… Surtout en cas de difficulté de gestion dans le bien acheté, ou tout simplement si, comme la banque est tenue de le faire chaque année, elle jette un œil à vos avis d’imposition postérieurs à l’achat.
Au final, pour conserver votre “secret”, vous serez contraints de ne plus travailler avec cette banque. A moins revendre rapidement… Certes.
Une stratégie d’investissement immobilier condamnée par la loi
Evidemment, c’est une stratégie interdite… et risquée !
La loi civile vous oblige à dire la vérité aux banques que vous sollicitez. Quoi de plus logique. Si vous convoitez 2 biens, il est juste d’en faire part aux banques ou aux courtiers sollicités. Surtout s’ils sont rentables ! Si vous ne le faites pas, la banque peut exiger de vous le remboursement immédiat du prêt. Car le contrat signé entre vous et la banque est alors considéré comme caduc. C’est dans ce sens que la Cour de cassation, juridiction la plus élevée de l’ordre judiciaire français, avait jugé un litige opposant le Crédit du Nord avec l’un de ses (ex) clients en 2019. Ce dernier avait falsifié des documents dans le but d’obtenir un prêt.
En l’occurrence, pour la doublette/triplette, il ne s’agirait pas de falsifier mais de mentir. Ce qui revient au même.